OUADI ES SEBOUA
La vallée des Lions
David Roberts 1839
Érigé entre l'an 35 et l'an 50 du règne de Ramsès II, le temple d’Ouadi es-Seboua est situé à 150 Km au sud d'Assouan. Le temple devait son importance au fait que la ville était construite au débouché des routes caravanières et servait de lieu de résidence au vice-roi de Koush .
Ses ruines sont situées sur la rive occidentale à environ 500 m du Nil dans ce qui, était autrefois une plaine fertile. En 1839 dessiné par David Roberts, il est enterré dans des sables profonds. Le portique du Temple est décoré d'épineux, seuls signes de végétation.
Le temple a probablement été construit sur un ancien site du Moyen Empire comme des poteries trouvées à proximité semblent le confirmer. Si, toutefois temple il y avait, il a disparu depuis longtemps. Cependant au même endroit un sanctuaire rupestre a été commencé par Amenhotep III durant la XVIIIe dynastie en l’honneur d’Amon. Durant la XIXe dynastie il fut transformé en lieu de culte pour le dieu Horakhty.Le plan des salles et des chambres taillés dans la roche, est du même type que ceux des hémi-spéos de Nubie (Gerf Hussein, Derr)
Première cour
A l’ origine une enceinte constituée d’un mur et d’un premier pylône en brique fermait l'ensemble du temple. Une porte en pierre au centre du pylône ouvrait sur un dromos. De chaque côté de la porte se trouvait une statue de Ramsès II et un sphinx à tête humaine.
Le Dromos est aligné dans l'axe du temple. Il est constitué par une double rangée de sphinx a tête humaine, tous différents, et portant la double couronne, il a donné le nom moderne de Es Seboua (Les Lions) au temple et au village. De chaque côté de la cour, entre les sphinx et le mur, se trouve un bassin de pierre pour la purification lors des cérémonies.
Plan
Les pylônes de briques (en rouge) ont disparu
Deuxième cour
Derrière le second pylône se trouve la deuxième cour, on pouvait y voir quatre sphinx à tête de faucon représentant les Horus de Miam, de Meha, Baki et, d'Edfou. Entre leurs pattes se trouvait une statuette à l'image de Ramsès coiffé du némès
Sur le côté ouest de la cour un petit temple abritait un autel dédié à Amon-Ra et à Ra-Horakhty. Dans son cellier deux silos circulaires conservaient le maïs destiné aux offrandes. En son centre un escalier permet d'accéder à une terrasse pavée du temple proprement dit. Là, adossées au troisième pylône se dressaient quatre statues monumentales de Ramsès II. Une seule subsiste au pied du mole sud avec à ses côtés l'effigie de la Grande Épouse Royale Bentanat. Sur les moles du pylône, des reliefs endommagés représentent le roi assommant un groupe d'ennemis devant les dieux. Bien qu’il soit décoré de scènes de Ramsès II, il est tout à fait possible que la structure réelle soit de la XVIIIème dynastie. Sa porte centrale mène dans ce qui était probablement l’entrée d'origine du temple
En 1839 les deux statues étaient à terre, David Roberts en a dessiné une debout, pour montrer la symétrie de sa forme. Chaque statue portait dans la main gauche le bâton symbolique, surmonté d'une tête de bélier et d'un disque. Les cheveux étaient représentés à la mode de Nubie, lié avec un filet. Sur le devant un uraeus le protégeait contre ses ennemis.
Troisième cour
Elle mesure environ 20 m sur 20 m ses côtés sont marqués par deux colonnades de piliers osiriaques où s'adosse régulièrement une statue représentant le roi. Ces colonnades étaient à l’origine couvertes ne laissant que le centre de la cour à ciel ouvert. Les sculptures sur les murs et le pylône sont de peu d’intérêt, sauf pour les deux longues processions des filles Ramsès .À gauche de cette cour s’ouvrait un espace réservé à l'abattage des bêtes et aux offrandes. Des trous, percés dans le mur, servaient à attacher les bêtes.
La salle hypostyle
C'est avec la salle hypostyle que débute la partie rupestre du temple. Cette salle, carrée et de taille réduite, (environ 16 x 13 x 6 m). Une partie est taillé dans le roc l’autre construite en maçonnerie. Sur les piliers de ses deux portiques latéraux s'appuient de statues osiriaques. Sur les parois, le roi est représenté face à plusieurs divinités : Onouris, Shou, Nekhbet, Tefnout et Hathor.
Sanctuaire
Vestibule Après la salle hypostyleon rentre dans le Vestibule appelé la chambre des offrandes. C’est une longue salle transversale, terminée à chaque extrémité par une chapelle. De part et d'autre de l'entrée, des reliefs illustrent les scènes les plus cèlèbres du temple : Côté Nord, elle s'ouvre sur trois sanctuaires.
Les scènes
Le Roi offre de l'encens à Ptah,Ptah Tatenen,Ramsès déifié, Hathor Le Roi offre de l'encens et une libation à Onouris, Shou, Nekhbet, Tefnout et Hathor.
Taténen (la terre qui se soulève- évoquant l'apparition du tertre primordial) il est presque invariablement coiffé de deux plumes, associées à des cornes horizontales de bélier. A partir de l'époque ramesside il est très liéavec Ptah, devenant Ptah-Tatenen.
Onouris Celui qui avec Thot a ramené la déesse lointaine (voir temple de Dakka)
Le sanctuaire central abritait la barque sacré du dieu solaire. Elle est représentée sur les parois Nord et Sud ou le pharaon honore Amon et Rê-Horakhty. Sur la paroi Sud (Amon) sa proue et sa poupe sont ornées de têtes de béliers, Alors que sur la paroi Nord (Rê-Horakhty) se sont des têtes defaucons.
Au fond du sanctuaire, dans le mur Ouest se trouve une niche ou étaient placées autrefois les statues d'Amon, de Ramsès II et de Rê-Horakhty. Au-dessus de la niche Ramsès est agenouillé devant la barque du soleil levant sur laquelle trône Rê-Horakhty. De part et d'autre de la niche, il fait l'offrande de bouquets de fleurs et de papyrus.
Comme beaucoup de temples égyptiens Es Seboua a été transformé en une église chrétienne, après la conversion du pays. Le zèle fanatique ne fut pas aussi fort à Seboua qu’a Derr, et les reliefs ont été simplement peints avec des figures de saints au lieu d'être impitoyablement détruit. Dans la niche les statues ont été remplacées, par une fresque de saint Pierre tenant une grande clé dorée. Avec le temps, le plâtre a disparu par endroits, laissant apparaître les anciens bas-reliefs. C’est pourquoi peut voir actuellement saint Pierre recevant l'hommage Ramsès II lui tendant un bouquet de fleurs ! Plus loin on aperçoit également un ange tenant dans ses bras une momie, sans doute l'âme d'un défunt.
Bibliographie
SAUVEZ LES TRÉSORS DE LA NUBIE UNESCO
Les Secrets des Temples de la Nubie Christiane Desroches-Noblecourt
Edwards, Amelia B. "A Thousand Miles up the Nile 1890
Temples and Tombs of Ancient Nubia.